NOUVEAU DEAL

Drôle d’époque : loufoque

Où les philosophes ont moins la côte que les tops

Nos modèles, de Belsunce à Sarcelles

S’appellent Faudel, Anelka ou Julia  Channel  

Soit belle et tais-toi ! Sois riche et con à la fois

Mais laisse-toi guider par ta foi en l’argent roi

Ne t’occupe pas du désarroi des sans toit

Des sans voix aux abois et des rabat-joie qui aboient

Pépites et pépètes menottent notre intellect

Et nous rongent comme le cancer se venge de la cigarette

Dans un monde où l’être a pour maître le paraître

Tous les moyens sont bons pour financer sa retraite

Même les plus malhonnêtes ; car il faut bien l’admettre

Aujourd’hui les gens ne craignent et ne respectent

Que les riches, même la crapule la plus infecte

A des adeptes comme un gourou dans une secte

Alors on se saigne les veines pour arriver à nos fins

On s’endette, on vit à crédits pour épater nos voisins

Naître pauvre, voilà le pire des châtiments qui soit

Surtout pour ceux, nombreux, qui ne croient pas en l’au-delà

Le dieu jackpot trotte désormais dans nos têtes jour et nuit

Comme si l’envie était le seul recours à notre vie

Et de dérives en délits, la folie et l’appât du gain

Nous conduisent sur des terrains morbides et malsains

On attendait l’an 2 000 pour un nouveau deal 

Mais vu comme c’est parti, c’est foutu, on file

Tout droit à la cata-strophe, inutile

De vous dire que l’avenir ne nous offre

Rien de bon le présent en gros plan

Est le futur qui nous attend

Drôle d’époque : baroque

Où plus rien ne nous nous atteint ou bien nous choque

Deux potes ou deux frères qui se traitent non stop

Leurs mères de salopes en s’envoyant des « Motherfucker »

Quand j’invoque le respect on me traite de vieux schnock

De relique du passé tout juste bon pour les chiottes

Nardine oumok ! Certains propos même dits

Sur le ton de la plaisanterie me froissent les oreilles

Comme le bruit le sommeil. C’est ainsi. A mon avis

Que l’on soit de la nouvelle ou bien de la  vieille

Ecole : on ne doit pas, sous prétexte qu’on rigole

Permettre à qui que ce soit de traiter sa mère de cagole

Qu’y a t-il de drôle à salir celle qui nous a donné la vie

Par des blagues merdiques ? En vérité je vous le dis

Nous sommes maudits. Les choses qui nous étaient hier interdites

Sont devenues licites. Nos mythes, nos valeurs s’effritent

Comme des châteaux de cartes. Aujourd’hui on n’imite

Et on ne cite en exemple que des types qui militent

Pour la légalisation du shit au plus vite.

Ligalise it ! Voilà le nouveau mai soixante huit

On attendait l’an 2 000 pour un nouveau deal

REFRAIN

Drôle d’époque : glauque

Où l’on se moque de sa vie, on la joue à la belote

Les jeunes qui débloquent et niquent sans capote

Alors qu’à la moindre faute le sida t’achoppe

Et que dire de ces loques humaines qui troquent

Leur âme contre la coke, de ces minottes qui tombent en cloque

A treize ans, elles veulent jouer à papa-maman mais quand

Elles deviennent mères regrettent d’être encore des enfants

Incapables d’agir en adultes responsables

Y’en a qui pètent un câble et commettent l’irréparable

Jeter leur môme dans une poubelle ou à la rivière

Pour pouvoir, disent-elles, vivre libre comme l’air

Quelle misère ! La Terre est un enfer où des pères

Pervers couchent avec la chaire de leur chaire

Où mineurs délinquants remplissent les prisons pendant

Que les parents dépassés par les événements

Se bousillent les yeux à regarder des feuilletons bidons

Et des émissions sans fond à la télévision

La liste des choses qui m’attristent en ce monde est si longue

Que je me demande s’il ne sera pas bientôt un No man’s land

Vue avant la fenêtre