Cette angoisse qui grandit à mesure que passent les heures
Quand tu penses qu'elle doit partir à l'autre bout du monde
Sans toi. Son corps est là mais son esprit déjà un peu ailleurs
Tu sais que tu ne peux pas la retenir, encore moins les secondes
Le temps qui court pendant qu'elle fait ses valises
Le tour de l'appartement pour contrôler si elle n'oublie rien
Lorsqu'une à une elle compte ses maigres devises
Pour les enfouir soigneusement au fond de son sac à main
Hors de question de la suivre, la vie te retient à ses chaînes
Car il faut bien survivre aux charges de sa mortelle routine
Son deuxième pays l'appelle à renouer le fil de ses racines
Et tu jalouses le miroir qui la fait belle reine chirazienne
Tu songes même devenir un peigne pour qu'elle t'emmène
Dans son sac à main avec sa trousse de maquillage
Qu'elle te mette en cabine ou bien dans la soute à bagages
Pourvu qu'au bout du voyage, ta main tienne la sienne
Elle te décrit son trajet par cœur dans les moindres détails
Et multiplie les rires et les sourires pour dissiper tes craintes
Son regard déjà se perd dans la joie des retrouvailles
Dans ces visages familiers trop longtemps hors d'étreinte
Aux mots qui perlent de ses lèvres le vertige remplit ton âme
Et précipite ton cœur morose au bord de la solitude
À mesure qu'elle s'éloigne l'ombre du vide t'accompagne
Elle s'en va, mais tu dois laisser paraître aucune inquiétude
Les dés sont jetés, elle ne peut plus faire machine arrière
Tu restes seul à quai avec le parfum de ses promesses
L'espoir de son prompt retour, saine et sauve de sa terre mère
Et tu pries qu'elle se souvienne qu'elle n'a qu'une seule adresse
Mbaé Tahamida Soly
Janvier 2022