Raconte-moi encore frère mien
Nos insomnies de plans sur la comète
Tes îles Comores aux divins parfums
Tes fiers sultans guerriers et poètes
Emmène-moi sur le chemin de Milepvani
Puiser à la source la sève du conte originel
Répondre à cette voix intérieure qui nous appelle
À vivre enfin notre rêve et non à rêver la vie
Embarque-moi sur les boutres de nos bantous ancêtres
Eléphants des mers battant pavillons chiraziens
Apprends-moi à voguer sans phare entre les préceptes
D’un islam sunnite et d’anciens rites africains
Qui pour conter la gloire de nos héros
À nos enfants en mal d’occidentisme
Quand le sage partage la raison du plus sot
Et que le fou enseigne au roi le soufisme
Raconte-moi nos projets insensés, nos rêves en chantier
Nos simples vies de chansonniers acculées à la dure réalité
Nos rendez-vous improvisés à la toute dernière seconde
Nos caféthérapies frugales au Cinq Parties du Monde
Toi qui sait mieux que nul autre mes maux
Mon âme solitaire, mes démons, mes défauts
Ce mal de mère abyssal qui me colle à la peau
Et combien je traîne une douleur nommée Chibaco
Apprends-moi à rire aux larmes dans le pire et le meilleur
À garder le sourire même dans la désespérance
À me réjouir de l’infime honneur d’avoir croisé ton cœur
Lorsque le silence seul fait écho à ton absence
Frérot, qui chantera le verbe et tissera les mots
Pour réchauffer le cœur du village
Si le griot part pour toujours en voyage
Et nous laisse seuls avec nos peurs et nos sanglots
À Salim
Une nouvelle année sans toi,
Tes mots et ton sourire me manquent cruellement
Mbaé Tahamida Soly, Marseille 30 mars 2017