J’élève des vers
Péchés au fil rouge des souvenirs
D’un enfant prodige griot et poète
Des rêves d’hier
Couchés en mille-feuilles de soupirs
Sur papier glacé à l’encre muette
Des contes bantous nomades
En terre phocéenne
Qui vous emmènent en ballade
À dos de poèmes
Des mythologies shiraziennes
Où les vérités s’abreuvent de songes
Pour arroser de savoureux mensonges
Les légendes urbaines
Je sers de drôles d’histoires
Entendues au café-bar des sourires
Dans des pots parfumés d’amitiés franches
Des paroles sucrées à boire
Jusqu’à s’enivrer de rires et de lire
Pour étancher soif de vivre et de sens
À déguster en terrasse ou au comptoir
Avec une bonne pinte d’humour
Distillé à chaud dans un délicieux nectar
À base de blagues et de calembours
Je jette sur des feuilles blanches des maux d’exil
Pour trinquer à la mémoire de mères absentes
Des grappes de mots épicés en guise d’asile
Pour rafraichir nos calices de douleur ardente
Des gorgées de soleil en bouteilles
Pour tremper au verbe du premier cri
Cet accent comorien au cru de Marseille
Qui donne leur moût fruité à tes récits
On a beau dévoré tes ouvrages
En décanter chaque bout de phrase pour boire tout notre soûl
Il est bien vain de tourner la page
Quand tu parts sans payer mon ardoise, ni même un dernier coup
Vieux, on a encore du mal à croire
Que ce millésime fermenté a cinq ans d’âge
Dieu, quel arrière-goût de cafard
À chaque vers salés à boire à ton hommage
À Salim
Mbaé Tahamida Soly
31 mars 2020