La campagne électorale bat de nouveau son plein
Des municipales au scrutin des plus incertain
Une partie de pêche aux voix au parfum de fourberie
Où seuls les plus sournois semblent avoir du crédit
Une messe de l’entre soi bourgeois érigée en démocratie
Qui donne au peuple le libre choix de sa lente agonie
Un bal masqué des gros égos où de fieffés opportunistes
Changent sans cesse de peau et de veste pour figurer en tête de liste
Tous les candidats potentiels du Nord au Sud de la ville
Se surpassent en coups bas pour en devenir le nouvel édile
Tout est permis comme à la guerre tant la chaire de maire
Procure à son titulaire les pouvoirs d’un seigneur sur des serfs
Faire et défaire des carrières, humilier ses adversaires
Monter de bonnes affaires sur la pauvreté et la misère
Trahison, lettres anonymes, chantage, harcèlement
Intimidation, menaces, fausses rumeurs, pression
Toute la panoplie du parfait politicien prêt à tout y passe
Aucun interdit ou tabou ni d’état d’âme pour obtenir sa place
Afin d’éliminer ses ennemis chaque camp sacrifie
Ses soldats et ses pions sur l’autel de la cause du parti
Alors on les envoie au front débucher pigeons et dindons
Récolter des dons, des emprunts, des prêts et cotisations
Dans cette foire d’empoigne de la course à l’investiture
Projets et programmes se réduisent à de purs jeux d’écriture
Ramassis de promesses bidon à l’adresse des électeurs
Que s’empressent de trahir leurs obligés débiteurs
Lutter contre le chômage, l’insécurité, la pollution
Les discriminations, les inégalités, le mal logement
Développement des transports en commun
Pour relier le sud et le nord, les êtres humains
Construction d’infrastructures d’envergure
Pour le rayonnement de la ville, de la culture
Des places de crèches à gogo pour nos enfants
Des millions d'euros de subventions aux associations
Bref un inventaire à la Prévert politique
Destiné à plaire aux sceptiques et taire les critiques
Rodés à toutes les techniques de com, experts en langue de bois
Ils enivrent les foules de beaux discours, charment leur électorat
Et puis, une fois leur but atteint chaque élu leur tourne le dos
Oublie ou renie leurs idéaux, leurs valeurs
Pour courir les interviews, les plateaux télé, les chaines radio
Les profits, les agapes et les salons d’honneur
Au grand dam de leurs partisans qui après chaque suffrage
Grossissent les rangs des abstentionnistes à force de cocufiage
Sans oublier ces pompiers pyromanes, apprentis sorciers démocrates
Qui jamais ne condamnent clairement les propos infâmes des islamophobes
Des théoriciens pétomanes du grand remplacement et autres xénophobes
Misant leur victoire sur un sursaut républicain contre l’extrême droite
Faisant ainsi le jeu abject de ceux qui ont pour unique projet
De souffler sur les feux de la haine pour en tirer les marrons
Une sordide multinationale FN-RN en constante expansion
Qui fait la fortune de la famille Lepen, de ses héritiers et alliés
Mais tout cela bien sûr, chers amis et concitoyens, relève de l’histoire
De vilaines pratiques, Dieu merci, d’un temps ancien de triste mémoire
Car j’aime à rêver et à croire que quelque part des candidats
Passeurs d’humanité et d’espoir vont sortir ma ville du coma
Lui offrir cette fois un vrai choix de société pour son avenir
Et non pas, entre la peste et le choléra, voter pour le moins pire
Que les liens qui les unissent dépassent de loin ce qui les divise
Marseille pour tous, tous pour Marseille sera leur seule devise
J’aime à penser que chaque prétendant n’a point pour dessein
Le confort d’un strapontin et encore moins l’appât du gain
Mais une volonté farouche d’œuvrer pour le bien commun
D’aider son prochain surtout celui qui en a le plus besoin
Pour une cité phocéenne refuge où chacun peut à loisir s’épanouir
Nous nourrir les uns les autres dans le respect de nos différences
Briser les barrières de peur qui nous maintiennent dans l’ignorance
Construire des ponts de fraternité pour les générations à venir
J’aime à penser très fort que demain plus aucun Marseillais
N’aura à subir encore l’injure d’une mairie de fascistes
Qu’on les mettra tous dehors avec leurs idées racialistes
Qu’ils ne puissent plus jamais nuire à notre désir de vivre en paix
J’aime à penser et à croire que le cœur de la Bonne Mère
Déborde d’assez d’amour pour offrir à nos petits frères
Intérimaires volontaires dans la guerre des gangs et du shit
Autre chose qu’un ticket pour le cimetière à défaut d’un smic
D’empathie pour les Ibrahim qu’on méprise, qu’on assasine
À cause de leurs origines, leur croyance, leur taux de mélanine
J’aime à rêver et à croire qu’un jour prochain, enfin
Je marcherais, serein, sur un bout de trottoir phocéen,
Accroché comme un gamin à la main de Koko Mbélizi
Aux cotés de tous les miens, dans la rue Ibrahim Ali
Mbaé Tahamida Soly 21, février 2020