Ho toi qui pleures mon départ
Pour l’autre rive sans retour
Cours vite recueillir nos jours
Couleurs d’amour et d’espoir
Nos doux instants plaisirs
Aromatisés arabica ou robusta
Nos délires à n’en plus finir
Nos grands fou-rires aux éclats
Va noircir les pages blanches
De nos contes d’enfants rêveurs
Et partout brûler les planches
Pour porter haut nos couleurs
À l’aide de nos corolles de souvenirs
Compose des proses illuminées de soleil
Avec nos balades au pays des merveilles
Des remèdes pour panser l’avenir
Souviens-toi ami frère
De nos pas sur le chemin
De nos bantoues mémoires
De nos veillées littéraires
À célébrer nos anciens
Boudés par l’Histoire
Replonge-toi dans les pages des livres
Qui nous emmenaient tous les deux en voyage
Force et courage tu auras pour poursuivre
Nos luttes, nos valeurs humaines en partage
Nos récits d’exilés forcés
Pris en otages des tours de béton
Notre tendre enfance volée
Au gré des soucis des parents
Reviens autant que tu peux,
Danser sur nos terrains de jeux
Défricher nos champs d’utopie
Cultiver nos grains de folie
Faire une fête
De nos défaites, nos victoires
Nos cruels échecs,
Nos succès, nos déboires
De tes pensées des prières
Pour nourrir nos pauvres âmes
De nos promesses des vers
Pour écrire nos épigrammes
Retiens tes larmes et tes sanglots
Pour les saisons sans lecture à partager
Les tristes jours sans feuille ni stylo
Pour coucher nos mots d'amitié
Dans la grande valse des nuits sans lune
Quand le ciel s’habillera de silence
Sur le voile blanc de mon absence
Dessine nos vœux à l’encre de ta plume
Pour tisser sans fin nos éternels liens fraternels
Et méditer combien belle est la vie, et cruelle
À Salim,
Vieux ! Je me fais vieux
Mais j’ai du mal à m’y faire, Vieux !
Mbaé Tahamida Soly, 08 avril 2019