Le printemps est là Chibaco
Et l’on se met à rêver tout haut
De renouveau des sentiments, des valeurs
D’apaisement des âmes et des cœurs
D’une ère de changement où le vivre ensemble
Ne sera plus un slogan creux
Une prière, un vœu pieux
Mais un idéal, un projet qui nous rassemble
Un réel désir d’avenir commun
Où ceux que le destin prive de ses faveurs spéciales
Les bas de corvée boudés par l’ascenseur social
Ne seront pas des riens mais des êtres humains
Un monde fraternel aux couleurs de nos rêves d’enfants
Du temps où la peur ne guidait pas nos émotions
Débarrassé des chaînes d’info télé et radio
Aux éditoriaux nuisibles et anxiogènes
Où des faux philosophes font la promo de pédocriminels
Et des pros de la théorie du complot, des débats de caniveau
Lavent les cerveaux disponibles à la haine
En compagnie de polémistes racistes pseudos intellectuels
Le printemps est enfin là frérot
Et l’on se met à rêver de nouveau
D’une cité phocéenne où l’on est chez soi
D’où que l’on vienne » comme disait Izzo
Une ville qui n’est pas une fin en soi
Mais une porte toujours ouverte, un eldorado
Pour ces héros qui bravent les océans, les mers
Sur des radeaux de fortune pour fuir guerre et misère
Le printemps est enfin là minot
Sois le bienvenu à la maison
Bon retour parmi nous mon poto
Tu nous as manqué. Ça fait trop longtemps
Qu’on nous a condamné à ton absence
A t’oublier, faire vœux de silence
Qu’on nous somme de jeter ta mémoire
Avec nos traumas dans leurs sacs à fait-divers
Quand ton assassinat, les faits, ton histoire
Prouvent le danger du RN et de ses idées mortifères
Mais ne t’en fais pas, face à ces gens-là,
Nous t’en avons fait la promesse solennelle
Nous ne baisserons jamais ni les yeux ni les bras
Un jour nous verrons le bout du tunnel
8 février 2021
Un jour marqué d’une pierre blanche
Pour apaiser une nuit d’obscurité sans nom
Cette nuit d’horreur, de larmes et de sang
Où la haine a assassiné notre innocence
Un jour d’honneur retrouvé, de délivrance
Après plus de 25 ans d’infamie, d’indifférence
Ma cité phocéenne renoue avec le fil de son histoire
Terre d’accueil, de brassage, de partage, de mémoire
Dieu, que le chemin fut long
Jusqu’à ton Avenue, Ibrahim
T’es soudain moins absent
Le Vieux Port plus près de la Savine
Te voilà enfin Marseillais bien qu’un peu Comorien
Un rêve de gamins « lacheriens » devenu réalité. Enfin !
26 ans
Quel bonheur immense de voir de son vivant
La Bonne mère te bercer comme chacun de ses enfants
Enfin ! Avenue Ibrahim Ali ! Enfin !
Enfin demain nous semble un peu moins loin
26 ans
Reconnaissance éternelle, gratitude infinie pour votre indéfectible soutien
Cette victoire, elle est votre, à vous notre force dans ce combat commun
Vous militants antiracistes, antifascistes, citoyens ordinaires
Tous unis contre la xénophobie, l’islamophobie, la peste identitaire
Vous qui par votre présence assidue, votre écoute, votre empathie
Sur cette place, tels des psys, apaisez nos maux comme en thérapie
Sans vous à nos côtés nous n’aurions jamais tenu le coup
Sans vous, combien d’entre nous seraient devenus fous
Pensées fraternelles à celles et ceux partis avant de voir ce jour arriver
Mon ami, mon frère, l’homme de ma vie Salim Hatubou en particulier
21 février 2021
Pensées émues à Koko Mbélizi, Mère Reine chirazienne
Qui nous a élevés au rang d’hommes et de femmes debout et dignes
A sa famille, en premier ses nièces pour leur confiance sans cesse renouvelée
Dans cette longue marche citoyenne contre le Fhaine/Rhaine
Pour la tolérance, la fraternité, contre l’oubli, en souvenir d’Ibrahim
26 mille milliards de pardons pour vos plaies que nous saignons chaque 21 février
Mea culpa à tous si parfois dans nos propos, nos actes, nous sommes maladroits
Mais des fois, la douleur peut nous conduire à faire et dire n’importe quoi
Enfin, par avance, excusez-nous pour nos futures bévues
Car si Ibrahim Ali a enfin son Avenue :
Le combat continue !
Le combat continue…
Mbaé Tahamida Soly, janvier-février 2021