Dieu quelle amère existence
Que la mienne, celle de vivre en terre comorienne
De devoir sacrifier sa descendance
Pour briser les chaines de la misère et de la déveine
Par dizaines de milliers on nourrit le ventre de la mer
Avec les espoirs avortés de la chair de nos chairs
Combien de parents à la recherche de leur enfant
Prient avec ardeur qu’il ne dorme pas au fond de l’océan
Combien préfèrent ne pas se faire enfin une raison
Et espèrent encore son prompt retour à la maison
Tant d’êtres chers qui racontent leur destin brisé
Dans des poses insouciantes sur des photos élimées
Tant de familles murées dans le silence
Le déni, accablées par la souffrance
Rongées par la culpabilité, le remord et le regret
D’avoir envoyé un des leurs à la mort pour les sauver
Des vies mises en parenthèses suspendues entre terre, mer et ciel
En sursis perpétuel, à l’affut de la moindre nouvelle providentielle
Mbaé Tahamida Soly Décembre, 2017