Frères comoriens, vous qui survivez à nous
Ne condamnez donc point notre funeste choix
Vous qui savez combien la vie sur ces cailloux
Est la preuve certaine de l’existence même d’Allah
Ces terres bantoues imprégnée de culte vaudou
Où les hommes pour le nirvana Diable soudoient
Regardez nos corps décharnés autrefois gras
Qui au fond des mers voraces par milliers se noient
Plus qu’appâts et repas mortuaires d’aiguillats
Tas d’os sans âme mendiant sentiments et secondes
Gardez-vous de rire de notre cruel trépas
Dieu préserve-nous des châtiments de la tombe
Épargnez-nous je vous prie votre juste courroux
Bien que nous soyons seuls comptables de notre état
Quand l’avenir sur le néant vous donne rendez-vous
Hisser les voiles est un devoir pour qui en Dieu croit
Et n’attend guère en vaines prières la corde au cou
Pour fuir une vie synonyme de chemin de croix
A la merci des chacals, des charognes et des loups
Tels des esprits errant dans un asile de fous
Combien de fervents adeptes tous les jours succombent
À cet éden chimérique de larmes et de peine
Combien en rêvent toujours malgré les hécatombes
Dieu préserve-nous tous du feu de la Géhenne
Frères, sœurs, parents, grands-parents, enfants, femmes, époux
Notre absence cruelle vous tourmente. Mea culpa !
Si notre odeur putride vous remplit de dégout
Nos yeux et bouches vides, nos carcasses vous glacent d’effroi
Nous étions à bout pour ne pas dire aux abois
Vivre à genoux ou risquer le tout pour le tout ?
Nous avons préféré suivre la seconde voie
Malgré les aléas des voyages en kwassa
Même si cela à la mort nous conduit tout droit
À vivre en parias dans des taudis immondes
Ou périr chez soi comme de vulgaires hors-la-loi
Dieu préserve-nous des châtiments de la tombe
Allah ! Toi qui règnes sur terre et dans l’au-delà
Garde-nous des flammes ardentes de la hatamah
Des impénitents éloigne-nous du nombre
Guide-nous sur le chemin droit et de la foi
Dieu préserve-nous des châtiments de la tombe
Mbaé Tahamida Soly décembre 2019
Pastiches poétiques / Ballade