VIEUX !

Les Iles Lettrées de Salim Hatubou

VIEUX !

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VIEUX

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Dis, si on se prenait un café tous les deux

En tête à tête, les yeux dans les yeux

Chez Toni, chez le cousin, où tu veux

Fais-moi un signe dès que tu peux

Emails, textos ou MP sur FB

Envoie-moi un p’tit mot pour confirmer STP

Même tard, t’en fais pas, j’attendrai ta réponse

Je serai comme dab devant mon ordi je pense

De toute façon en ce moment Dame Morphée me fuit

Et cette catin d’Insomnie ne me laisse aucun répit

Pensées et soucis dans ma tête se disputent mes neurones

Et me font la danse des esprits, c’est un vrai capharnaüm

Je crois même que la folie y gagne du terrain

Dis-moi je t’en prie qu’on se verra encore demain

Pour parler de tout et de rien

De nos projets, de nos bochés, des enfants

Du sujet que t'as choisi pour ton prochain bouquin

Promis, juré ! Je te laisserai régler l’addition

Dis, si on partait encore une fois

Rien que toi et moi au pays qui t’a vu naitre

Loin du fracas du monde, des tracas et du froid

Sur les traces et les pas de nos ancêtres

Pour être plus prêts de Tahamida et de Riama

Connaitre enfin la paix intérieure, renaitre soi

Remettre au chœur de nos vies, l’être et l’essentiel

Avant que l’Éternel nous (r)appelle à son dernier (r)appel

Là où nous n’aurons plus jamais à nous battre

Contre des faux-culs et de cruelles marâtres

Loin des vapeurs toxiques de stress permanent

Et d’odeur de béton qui nous minent le moral

Fuir cette république laïque qui brime ses enfants

Selon la longueur de leur jupe ou bien de leur voile

Ça fait longtemps qu’on se dit

Qu’il faut qu’on se tire d’ici

Avant de péter une durite

Et que les fachos nous invitent

A partir en Charter compagnie

Ou finir au bout de leur fusil

On a beau lui donner des gages d’allégeances

A cette chère bonne Mère Patrie

Elle nous crache chaque fois au visage l'indépendance

De ses anciennes colonies

Fatigué de lutter contre des moulins à vents

De devoir sans cesse s’excuser d’être vivant

Envie d’ailleurs, de rayons de soleil, d’oxygène

D’une fraternité multicolore

D’une ville de Marseille qui ne respire pas le Fhaine

Et les inégalités par tous ses ports

Dis-moi qu’on ira encore

Faire escale sur les îles de la lune

- Nous baigner de leurs aurores

Aussi inouïs que leurs eues et coutumes

- Marcher sans but dans les rues obscures de Moroni

A rêver tout haut nos vies, à nous gaver de mchakiki*

T’écouter conter la bravoure de nos héros et légendes

Tes milles et unes aventures aux quatre coins du monde

Même quelque secondes, te voir sourire de toutes tes dents dehors

Et briller tes yeux malicieux à la seule évocation des Comores

Rire aux larmes de tes blagues et jeux de mots foireux

Te soulager de tes colères et quand dans ton cœur il pleut

Dis vieux, si on se prenait un café tous les deux

En tête à tête, les yeux dans les yeux

Chez Toni, chez le cousin, où tu veux

Fais-moi un signe dès que tu peux

Vieux, si on se prenait un café tous les deux

Pour renouveler nos serments et nos vœux

Histoire de nous dire au revoir ou même adieu

Peut être qu’après, je me sentirai un peu mieux

*mchakiki= brochettes

A Salim,

Merci d'avoir ensoleillé nos vies

Mbaé Soly Tahamida, Marseille mai 2015

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